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Abus: la dissimulation, l’ennemi à abattre, selon le président de l’AECQ

«On ne peut plus masquer ou dissimuler des actes qui attaquent les piliers fondamentaux 
de notre vivre-ensemble, l'enfance, la famille. C'est inacceptable. C'est inexcusable», 
Mgr Noël Simard, président de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec.
François Gloutnay
Journaliste, Présence Information Religieuse

«Ces révélations sont choquantes. Elles sont scandaleuses». Ce sont les mots qu’utilise Mgr Noël Simard, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ), afin de qualifier le rapport du procureur de la Pennsylvanie, dévoilé il y a une semaine, qui indique que 301 prêtres de six diocèses catholiques ont commis des abus sexuels contre 1000 enfants. «C’est tout simplement affreux», ajoute-t-il à voix basse.

«Les médias parlent d’horreur. Il me semble que c’est un terme qui est juste. Nous sommes horrifiés devant l’ampleur des abus commis mais aussi devant leur « cover-up », lance-t-il d’abord en anglais, devant leur dissimulation.»

En lisant le rapport du procureur de Pennsylvanie et les comptes-rendus dans la presse canadienne et américaine, l’évêque de Valleyfield s’est remémoré cette phrase que le précédent pape, Benoît XVI, avait prononcé devant les membres de la curie romaine le 10 décembre 2010.

«Le visage de l’Église est couvert de poussière et son vêtement est déchiré par la faute des prêtres.» Le pape commentait alors la question des abus suxuels commis par des prêtres en reprenant ces mots d’Hildegarde de Bingen, proclamée docteure de l’Église en 2012.

Pour Mgr Simard, il ne fait aucun doute que «sous le manteau du sacré, des prêtres blessent profondément des personnes dans leur enfance et leur causent des souffrances pour toute leur vie».

«Notre pensée, nos prières vont vers les victimes, directes ou indirectes, de ces abus. Les victimes indirectes, ce sont les familles des enfants qui sont aussi marquées et qui subissent encore aujourd’hui les séquelles de ces actes. C’est une tragédie.»

Pour le président de l’AECQ, il est «vital qu’on mette en place des politiques pour que cela ne se reproduise plus, tant  de la part des prêtres que de l’institution». Il explique que «ce qui choque l’opinion publique aux États-Unis, mais aussi au Canada, c’est cette dissimulation» que les autorités religieuses ont exercée au fil des années.

«On ne peut plus masquer ou dissimuler des actes qui attaquent les piliers fondamentaux de notre vivre-ensemble, l’enfance, la famille. C’est inacceptable. C’est inexcusable.»

«Je dois l’admettre, dit Mgr Simard, des membres de l’Église ont failli lamentablement à leurs responsabilités tant dans la prévention des abus que par leur non gestion de ces situations immorales. Les abus et la dissimulation sont des crimes car ils portent atteinte aux droits des enfants. L’Église devrait être à l’avant-garde en ce qui a trait à la protection de l’enfance et de la famille.»

Lundi matin, Mgr Simard ne pouvait confirmer l’acceptation prochaine, par les évêques du Canada, de nouvelles normes sur la protection des personnes mineures, un document d’abord publié en 1992 mais qui doit être révisé à la lumière des «nouvelles exigences canoniques». Ce nouveau protocole, rédigé par un Comité ad hoc sur la protection des personnes mineures mis sur pied, en 2012, par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a été présenté aux évêques canadiens en septembre 2016 afin qu’il soit ratifié. Il n’a toutefois pas été approuvé, les évêques demandant des modifications à son contenu.

En fin de journée, lundi, le bureau de direction de la CECC a indiqué qu’«elle lancera une édition mise à jour et enrichie de ces lignes directrices afin de promouvoir la protection des personnes  mineures et d’accroître la responsabilisation et la transparence chez les responsables de l’Église».